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BIBLE ET PAROLE DE DIEU
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De
nombreux exégètes et théologiens distinguent sans les dissocier, la Bible et la
parole de Dieu. Leur pensée mérite notre attention.
Daniel
Bourguet écrit dans son livre
« Méditation de la Bible ». Daniel Bourguet est pasteur de l’E.R.F et
auteur de riches et remarquables livres de spiritualité.
Il
y a dans la Bible une distance entre le texte et la Parole de Dieu… Nous
employons souvent une expression pour l’autre pour aller vite mais il faut
faire attention : cette approximation n’est pas satisfaisante dans la
mesure ou elle tend à l’assimilation.
Parole
de Dieu et Bible ne sont pas à confondre , tout simplement déjà parce que Dieu
peut nous parler en dehors de la Bible, à travers telle ou telle parole dite
par un de nos contemporains par exemple ou bien à travers tel ou tel événement
de notre histoire.
Mais
ce n’est pas tout. Quand Dieu me parle à travers la Bible, le texte bibliques
et la parole de Dieu ne sont pas à confondre même s’ils sont profondément liés,
inséparables même.
Quand
je lis un texte biblique, il est là , offert à ma lecture. Il est toujours
là, mais la Parole de Dieu ne se fait pas toujours entendre. Cela peut venir du
fait que je suis sourd à cette Parole, mais cela peut aussi venir du fait que
Dieu n’a rien à me dire à travers ce texte. Dieu peut rester silencieux, alors
que Matthieu, Marc ou Luc me disent quelque chose sur Lui. Matthieu peut parler
et Dieu se taire !
Ce
qui montre le plus, à mon avis, cette distance entre l’auteur bibliques et
Dieu, c’est le fait qu’un même texte ne me donne pas toujours la même parole de
Dieu à deux moments différents de mon existence. Dieu nous parle de manière
très claire à un moment de notre vie, par tel texte, puis à un autre moment, ce
même texte ne nous fait rien entendre de Dieu, ou tout autre chose. C’est une
autre parole que nous recevons alors qu’il s’agit du même texte.
La
Parole de Dieu est inséparable du texte, mais elle ne se confond pas avec lui,
tout simplement parce qu’ils ne sont pas de même nature. Ils sont sans
confusion, ni séparation.
Il
y a une distance entre le texte biblique et la Parole de Dieu et le but de la
méditation est de franchir cette distance. L’approfondissement va dans ce
sens : approfondir le texte en direction de la Parole de Dieu.[1]
Pour D. Bourguet, La Parole de Dieu est une
réalité vivante et spirituelle (en fait c’est Christ qui est « La
Parole » (Jn 1) L’Ecriture est un témoignage, un support matériel de la
Parole qui est Esprit. (Ex 17.4) (Ap
1.11).
La
Parole dépasse les mots dans lesquels elle est en quelque sorte plus ou moins
imbriquée. (Ce n’est là qu’une image) Un peu comme la noix se libère et se donne à manger
seulement lorsque l’on casse la coque.
Cette
vision des choses était celle du grand théologien Helvétique Karl Barth. Elle
est assez largement partagée par de
nombreux chrétiens.
Selon
S. De Dietrich, elle rejoint la position des grands Réformateurs. Pour Luther,
Jésus-Christ est le Seigneur des Ecritures. La Bible n’est là toute entière que
pour rendre témoignage à l’œuvre du Salut qu’Il est venu accomplir sur la
terre. Luther se sent très lié à la Bible parce que et en tant que telle, elle
rend témoignage au Christ Sauveur. Les Réformateurs ont maintenu avec fermeté
l’autorité des Ecritures en matière de foi, mais ils sont étrangers au
littéralisme biblique. Il sont trop Pauliniens pour ne pas savoir que « la
lettre tue mais que l’Esprit vivifie. » Christ est le centre de leur
foi comme il est le centre de la Bible.
La
Bible est l’humanité de la Parole…
dit S. De Diétrich, de la même façon qu’en Jésus-Christ il y a l’homme (vrai
homme) et Dieu (vrai Dieu). On ne confond pas l’humanité et la divinité bien
que les deux soient liées inséparablement… Comme la bougie et la flamme disait
Calvin.
A
travers les mots de la Bible, quand
nous la lisons, c’est le Saint Esprit qui nous parle. Les Réformateurs
parlaient de « l’illumination du Saint Esprit ». Sans l’Esprit
la lettre du texte est morte. Ainsi la Bible n’est pas mécaniquement Parole de
Dieu. Mais tout lecteur qui ouvre son cœur peut entendre une Parole qui le concerne !
« Je lis la Bible et j’entends la Parole de Dieu ».
Karl
Barth affirmait le caractère à la fois divin et humain de la Bible.
Reconnaissant l’autorité souveraine de la Parole de Dieu, il se refusait à
identifier sans autre cette Parole avec la lettre écrite.
« C’est à travers
la Bible que Dieu se révèle à nous, qu’il nous parle par ses témoins, apôtres,
prophètes, qu’il nous parle dans et par son Fils. Ce témoignage devient Parole
de Dieu chaque fois que nous l’entendons dans la foi ; c’est à dire chaque
fois que le Saint Esprit scelle sa vérité dans nos cœurs. (S De Diétrich, « Le renouveau Biblique p 36)
La
distinction est importante, car elle
nous évite de sacraliser les mots de la Bible et d’être prisonnier d’une
lecture littéraliste, voir hyper-littéraliste ou fondamentaliste, qui risque de
fausser notre perception de la voix de Dieu qui s’adresse à nous. La lecture
littéraliste n’est pas une lecture fidèle dit encore S De Diétrich. Elle ne
rend pas compte de la manière dont le Seigneur s’adresse à nous. Elle
peut engendrer de graves confusions. Louis Schweitzer écrit : « Un pieux
discours autoritaire qui manifeste un grand respect, mais une sorte de respect
aveugle pour la Bible, ne « passe plus ». Non seulement il n’est plus
guère accepté mais il est stérile » ; et encore : « Nous
pratiquons parfois, sans le vouloir et sans le savoir une pieuse bêtise… comme
s’il était plus fidèle de « respecter » le livre, sans comprendre ce
qu’il veut nous dire » . (Les chemins de la vie spirituelle)
C’est
le rôle de la méditation souligne D. Bourguet, avec l’aide de l’Esprit,
de nous permettre d’entendre, à travers les mots et au-delà des mots, la Parole
véritable, celle que Dieu nous adresse et par laquelle il veut changer nos
vies.
Cela dit, il faut préciser qu’en théologie, aucune porte n’est
verrouillée définitivement ! L’ouverte est de rigueur. Il est
toujours possible d’aller plus loin, de mieux comprendre, d’expliquer avec plus
de nuances…
Ajoutons
qu’une approche purement théorique de l’Ecriture ne garderait qu’un intérêt
relatif. Elle n’enrichirait que notre savoir, notre intellect…mais le cœur
resterait sur sa faim. Or l’important, le but de l’Ecriture, c’est que nous
soyons, sur le plan spirituel, construits, édifiés… bref que la parole de Dieu
touche notre cœur.
Voici
le chant du Psalmiste :
Heureux ceux qui gardent tes préceptes (2)… Je
serre ta parole sur mon cœur afin de ne pas pécher contre toi (11)… Je me
confie en ta parole (42) Je médite tes merveilles (28) Ta parole éclaire ;
elle donne l’intelligence aux plus modestes (130)… Je me réjouis de ta parole
(162)… Ps 119 (Extraits)
Ainsi,
s’il est nécessaire, de bien situer l’Ecriture et son rapport à la parole de
Dieu, nous devons nous souvenir que l’essentiel est que cette parole inspirée
change notre vie et nous transforme pour nous rendre, comme il est écrit :
« Semblables à l’image parfaite de Christ » Rm 8.29.
Quand
je lis un passage de ma Bible, il me parle directement, il me pousse à réfléchir,
à entrer dans sa révélation (reproches, appels, encouragements…) Je réalise que
le Seigneur lui-même me parle et vient éclairer mon chemin.
« Jésus annonce la parole de Dieu »
(Mc 2.2). La Bible toute entière annonce la parole de Dieu. Inspirée par
l’Esprit Saint, elle est écrite pour cela. Elle me fait entendre la parole de Dieu. Le lien entre la lecture
et l’écoute est immédiat… pour autant bien sûr,
que je sois moi-même à l’écoute et disposé à ouvrir mon cœur.
La
parole de Dieu c’est Jésus lui-même avons
nous dit avec raison ; mais par extension cette parole est aussi ce qu’il
annonce (hier et aujourd’hui) même si cela nous est transmis par le témoignage
des hommes de la Bible. La parole est à la foi le Christ et son message. La
Bible elle-même fait le raccourci :
Sans cesse nous remercions Dieu pour une autre
raison encore: quand vous avez reçu de nous la parole de Dieu, vous ne l'avez
pas reçue comme une parole humaine, mais comme la parole de Dieu. Oui, elle
vient vraiment de Dieu et elle agit en vous, les croyants. 1 Thessaloniciens
2.13 [Parole de Vie]
Quand
Paul parle sous l’inspiration de l’Esprit, ce qu’il annonce est parole de Dieu…
Cela
dit Paul reste un homme, un Juif du premier siècle. Il s’exprime dans son langage d’homme et dans
l’univers culturel de son temps.
En
simplifiant, il n’est pas impossible d’identifier la Bible et la Parole de Dieu… à condition de
préciser que la Bible est parole de Dieu… dans un langage. Une façon de
dire autrement les mêmes chose.
Paul
( et les autres) proclame des choses fortes, normatives… mais - insistons - dans un langage marqué par son
propre style et l’usage de son époque. Il y a un décalage énorme dont le
lecteur actuel doit tenir compte sous peine d’ignorer ou de se méprendre sur le
vrai sens du message. Il ne faut pas confondre l’esprit et la lettre de
l’Ecriture, la forme et le fond. Pour avoir en 2000 ans , souvent oublié
cet aspect des choses, l’Eglise à écrit les pages les plus sombres, voire les
plus tragiques de son histoire !
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